Je m en souviens comme si c etait hier.
D abord , Angers, avec les tours de son chateau.
Maman me dit
"tu vois ,
c est une belle ville,
et
puis il y a le jardin des plantes tu pourras venir, avec tes copains"!
ensuite nous sommes allés dans une petite ville,
Trelazé, une ville avec ses ardoisieres...
dont je decouvrirai les recoins plus tard, et puis le Pont de Cé....
mais la pension n' était pas encore dans ce village,
il fallait longer le cimetiere,
et à 2 ou km du village se dressait la pension,
nous fimes le trajet a pied:
ensuite une grande allée de marronniers,
débouchant sur une maison ou plutot un manoir neo gothique,
et là, dans le bureau du directeur,
un homme petit, ayant presque la tonsure,
nous accueillant , assez froidement d ailleurs ,
et maman voulant toujours dominer les autres,
disant, " je vous emmene mon garcon pour que vous puissiez
lui donner une éducation pleine et entiere,
et surtout si cela ne marche pas,
n' hésitez pas a frapper!"
Devant ma mère ,
j ouvrais des yeux horrifiés,
car je n' étais pas plus démon que quelqu un d autre,
mais cette verite m avait surpris.
Elle partit,
le directeur appela quequ un qui vint me chercher
et
je ne revis plus ma mere........
Le soir, je pleurais seul dans mon lit,
elle etait partit sans me dire au revoir.
Le directeur , le lendemain ,
m' appela et me dit: "B....., ici tu vas apprendre, te faire des copains,
ta maman est speciale, je crois qu elle ne t aime pas."
Cette 1ere affirmation me crispa,
je lui dit" c est pas vrai, maman viendra"....
il me dit " oui, maman viendra mais tu sais pas quand,
il faut que tu apprennes à te prendre en charge,
alors je vais te mettre dans l' équipe des JEUNES..."
Ainsi je decouvrai que ce pensionnat etait divise
en 10 equipes e 12 garcons,
(pas de filles) du plus petit au plus grand:
Petits,Benjamins, Cadets, Jeunes, Moyens, Puinés, Juniors, Seniors,
Grands, Ainés.
Notre temps etait vraiment partagé,
aussi le temps des decouvertes,
importantes pour la vie APRES.......
Ces quatres années supplementaires
ont ete cruciales pour moi,
cruciales pour les personnages que j y ai rencontré,
cruciales pour les decouvertes, meme intimes que j y ai faites, :
decouvertes sexuelles, sentimentales,
decouvertes des mondes,
ce que l on doit faire et ce qui est,
et les 1eres illusions perdues.,
de gens qui vous ont aides a compendre certaines choses
ou a ne pas les comprendre du tout!
Des souvenirs très durs quand on vous invite à dire les choses,
à les décrire,
quand vous les avez pas exprimées à qui que ce soit...
oui, ce sont des copains qui vous ont marqué " a vie",
des noms , des prenoms,des visages,
ce sont aussi des histoires, des paysages,
des escursions, des attitudes,des mensonges,
tout cela c' est mon sac que vais conter....
La Pension a un nom, le Chateau de la Bodiniére.
Je decouvrais plus tard que c etait un IMP,
un institut medico pedagogique.
Maintenant il faut que je decrives le pensionnat:
comme je l ai indiqué c est une grande maison née-gothique,
une partie semble ancienne,
elle appartient à la renaissance,
on y apercoit des volutes au dessus des portes,
je dirais 15e ou 16e siecle.....
une autre aile y a ete rajoutée,
le batiment fait un U,
un côté cour , côté jardin,
celui la le plus beau,
qui après mon arrivée,
se transformera en quadrilatère,
de jardin à la Francaise,
un an apres.
Petits sapins ou buis tailles au milieu des pelouses,
bassin et jets d eau au fond,
et puis encore un an apres, en 1964,
une piscine, coté droit.
Batiment en U, dis-je , à 3 niveaux avec au rez de chaussée
les classes,du cours preparatoire au cours supérieur;
au dessus , les dortoirs et dans une aile du batiment ,
on construira à partir de 1964,
des salles destinées à nous occuper,
une par equipe, le choix des activites laisse au libre choix du "chef",
ce sera pour les uns, dessin, peinture, astronomie pur les plus grands,
maquettes en balsa.....bon vouloir des "educateurs
" car il s agit là d' éducateurs ,
que l on appellera "chef" avec son prenom...
et non de moniteurs.
Educateurs qui sont charges de nous inculquer
des valeurs, ou si , en avions déjà,
s 'agissait de nous les renforcer!
Les Educateurs on sait pas d où ils viennent ,
on connait pas leur passé,
on se souvient des visages.
Inculquer, occuper etait le crédo de la maison:
la devise , etait :" l oisiveté etant mèere de tous les vices.,
l objet est que ni notre cerveau,
ni nos mains ne puissent être pas occupées a faire quelque chose:
lire, etudier, ecouter de la musique, bricoler etc,
et
si on nous prenait à ne rien faire sans justification
nous etions punis!.
Arrivant en fin d année scolaire le 1er visage,
que je vis , fut l instituteur de la classe cours elementaire 1ere année.
Avec une scolarite hachurée ,
il y avait des carences....
et ce fut un homme jeune, devait avoir 20/25 ans,
me fit faire des exercices,
vit que si j avais des carences en mathématiques ,
j avais des dispositions en francais et matiere à lire et retenir....
histoire, science nat, geo,
tout cela je l avais appris en autodidacte....
pendant la periode de Lenval.
Il me dit "...Nous serons de grands amis ,
mais malheureusement je m en vais,
faire mon service en Algerie.....
L'Algérie
elle evoquera pour moi à travers un copain,
de durs moments,
Jouanneau, dont le pere etait la bas ,
et
cela etait la raison pour laquelle , il se trouvait là....
Le jeune homme , instit ,me prit sous son aile pendant
presque un mois;
car si nous etions en pensionnat,
l école durait jusqu au 31 juillet,
et
les vacances le 1er aout,
nous n aurons jamais le meme calendrier scolaire....
Ce jeune homme,
beau ,aux yeux rieurs , me fit estimer mes connaissances,
attentif, me dit:" B....je sais c' est dur ; mais il faut t accrocher"
il partit, je le revis plus;
longtemps je me suis demandé ce qu il etait devenu..
tué, vivant?
je ne sais , mais i l resté longtemps dans mon coeur ,
comme une absence.....
Vint le mois d aout 62,
c etait la decouverte de la Dordogne,....
j en garde un souvenir précieux,
un petit village,avec son chateau, pas le lieu..
Nous logions dans une ecole primaire,
et puis pour la 1ere fois ,
là, au cinéma, j ai decouvert la voix du "rosssignol",
celle de Joselito, le chanteur;
nous y avons vu 3 films de lui:
les 2 gamins, le rossignol des montagnes et le petit colonel.....
en couleur pour les 2 derniers, en noir pour le 1er.......
cette voix etincelante , faisait vibrer mon bas ventre, j
e saisissai le sens du beau , de l' esthète....
pourtant c était pas la première fois que cette emotion me saissisait:
Nice, sonAppolon sur la place Massena,
ce corps nu et muscle,entouré de jets et dauphins,
j avais a l epoque 5 ou 6 ans,
et j avais traverse la rue
, devant le casino municipal, sans faire attention ,
alors que nous sortions de celui ci ,
après une soirée diner et danses d avec mes parents....
quelle rouste apres cette frayeur..
eh bien cette voix de joselito,
m a fait la meme emotion au niveau intime de mon ventre.......
et aussi ce sens du beau,
je le saissisai et si j avais du choisir une periode de ma vie,
à ce moment la , ce fut la Renaissance.....
Le sens du beau,
je ne sais de qui je le tiens,
mais j ai toujours ete attiré par les arts
et
si j avais dû choisir un personnage et de l être,
ce serai seigneur mécène...
Pour moi,
aimer le beau et rendre le beau autour de soi,
naissait et devenait primordial.....
la beaute devenant un critere d amour,
donner un sens a la vie.,
enfin je philosophais déjà un peu........
Toujours est il; que ce mois d août fut riche en decouverte,
je fis mes 1eres armes et dut me plier à des disciplines societales,
presque para militaires:
divises en equipes, puis en sections,
j ai revetu l habit louveteau: la chemise bleue, le schort plus fonce,
le béret, le noeud et foulard, et l'écusson, pour moi :
Loup Gris,
il y eu loup noir, blanc , tachetes,
répartie en sizaines
et
dont j etais responsable de 5 de mes camarades...
discipline toute militaire:
ranger le dortoir, lit au carré, salut au drapeau, (sens de la patrie , déjà)
chant en marchant:
" oui, c est nous, les louvetaux, petits loups de France,
oeil frais et fins museaux , petits loups de france....."etc...
.faire sa Ba ( bonne action) , sans le dire ,
sinon ne valant que moitié...
etre attentif au besoin de chacun,
partager ,
et
le partage etait instruit de facon nouvelle dans ce pensionnat:
à chaque colis que nous allions recevoir,
il etait ouvert par la secretaire du directeur:
bonbons sur 24 d un paquet, nous en recevions 6,
idem pour les biscuits de l Alsacienne,
et les habit neufs , mis seulement; le dimanche, quand trop petits ,
donnés à d autres...)
C était cela que petit a petit, avec ce plongeon chez les louveteaux
j allai apprendre..
si je n avais pas encore une idée precise de ce qu éetait notions
de capitalisme et communisme,
j apprenais déjà, ce que voulait dire:
altruisme, communaute,
pour ne pas dire communisme primaire...
D ailleurs, pendant les années qui vont suivre
je ferai mes 2 Promesses avec cousu sur mon beret mes 2 etoiles,
engagement qui vaut pour la vie ,
de servir , autrui et la nature , la respecter
selon les principes constitutifs du scoutisme et de son fondateur,
ceremonie au feux de camps
et
de bengale avec chants
et
jure sur la bible.....
Nous fimes des jeux de pistes, decouvrons la nature
et apprenions a la respecter ,
"chef charles" s y entendait a merveille pour cela..
Pourtant j' allai apprendre très vite ,
ce que voulait dire la responsabilite des autres:
plus de 15 jours, apres m avoir nommé chef de sizaine ,
des loups gris , un camarade, Chagnon,
en retard, et lit non fait, responsable de lui et de sa conduite
et ayant repondu au chef
" et puis merde alors, y en a marrre de celui la , "
apres l a voir cherche en vain ,
caché dans les toilettes,
ce fut moi qui passa en conseil de discipline,
et retrogradé sous chef.....
j en fus mortifié et amer !
Le reste du mois passa tres vite
et
nous sommes rentres début septembre 62 de nouveau en classe,
celle qui m echut, fut le cours elementaire 1ere anneé,
une femme cette fois ci prit la classe en mains,
elle était blonde, yeux bleus ,
elle sentait bon lorsqu' elle se penchait
au dessus de mon epaule.
Cheftaine Paulette"....pas de pantalon ,
jupe au dessus du genou,
elle avait un solex, qu elle enfourchait à 5h du soir ,
pour rejoindre, Trelazé, où elle habitait,
(un jour ,nous seron s invites à aller chez elle, manger un gateau, )...
Nous la regardions avec un oeil curieux,
lever la jambe pour s assoir sur la selle....
toujours est il que l année scolaire se passa bien ,
j' en etais tombe amoureux.....je crois,
mais je voulais lui offrir un cadeau de la part de nous tous,
aussi me vint une idée:
avec nos points qui servaient de monnaie, dans le college,
nous avons pu faire acheter
par la maitresse des petites classes un bouquet de fleurs ,
elle fut emue , jusqu aux larmes......
Mais ces points qu est ce que cela est?
j explique:
le directeur conscient, que tous n avions fortune egale au niveau des parents ,
des envois de colis, etc...
ne voulait pas que cela puisse jouer au niveau de la cohesion du groupe,
avait instaure, des bons de conduite,
ceux ci etaient attribués, chaque dimanche soir dans la salle de cinema,
construite en 1963, valeur 2 points, 5 points , dix points,
valeur d 'échange pour acheter ce que l on voulait a la vitrine cooperative,
ainsi l argent des parents etant bannis,
c est le seul mérite de conduite qui prévalait
et nous donnait notre petite independance financiere
pour acheter les objets exposes:
loupe, crayons,
etc ...
le plus beau lot etant un appareil photo qui valait 200 points.....
autant dire que la carote etait loin!
C' était une facon de nous tenir
et
si par megarde nous avions eu mauvaise conduite ,
les bons nous passaient sous le nez , la semaine concernée......
Pour en revenir, a la fin de l annee scolaire 63,
pas encore 13 ans, je recus prix d excellence, à la remise des prix,
j ai encore la fiche accrochée dans un gros livre " la tulipe noire"
à couverture rouge cartonnée,
livre qui pèese au moins 1 a 2 kg,
et
tres grand...dans mon grenier.
Il y avait remise des prix, chaque année,
apres que l on ait présenté , chaque equipe un spectacle aux parents.....
maman n est jamais venue..... à ces moments là.
Il y avait 2 spectacles par an , le 1er a Noel.....
celui de 1962, apres mon arrivee,fut un spectacle de cirque et de clowns,
avec orchestre factice, construit par nous memes,
idem pour les habits, l'un de paillettes et l autre de vieux habits,
je fus celui là, qui pour montrer l heure sorti de dessous sa veste
une pendule en bois attachée à une chaine de ficelle de 6 metres
que je devais derouler, lentement pendant que celui,
en paillettse, vituperait, , faisait grimace,
se grattait la tete ne sachant pas , ce que j allai sortir de mon habit.......
et cela fit beaucoup rire!
De septembre 62, a la fin de l année,
j appris les codes de vies du pensionnat:
le dimanche messe a Trelazé, en habits du dimanche,
nous y allions à pieds, longions le cimetierre, 120 gosses cela se remarque..
d ailleurs, moi, comme pour certains,
qui passions a la Toussaint,
devant cet amoncellement de fleurs posait interrogations......
nous avions droit a un espace reservé.,
à gauche de l autel, le pretre officiait, encore dos a l assemblée,
le concile ne tarderait pas a changer tout cela....
nous accompagnions les chants ...
cela nous faisait une sortie,
ensuite retour a la pension ,
où nous otions nos habits pour remettre ceux moins beaux ,
de la semaine....
Pour en revenir a ma scolarite la 2e année scolaire
septembre 63/ juillet 64 me fit faire 2 classes:
CE2 et CM1, a l epoque nous ecrivions encore a la plume avec encriers blancs...
gare aux taches ...
les stylos etaient bannis,
de meme que les instituteurs ,
meprisaient les bandes dessinées, sous pretexte , que cela ,
n etait pas bien ecrit!....
Nous avions de grandes cartes de geographie acccrohée aux murs...
souvent on nous obligeait a dessiner ,
ce que l on voyait ,
de telle sorte de memoriser nos lecons.
La poesie, faisait aussi partie des cours,
ce qui
nous aide pour l' intonation pour les pieces à jouer du theatre,
aux parents....
l' instruction civique etait au programme egalement.
L anne scolaire sept64, juillet 65 fut le cm2,
annee difficille s il en fut:
regles des intervallles, geometrie, cela devenait serieux,
mais par chance ce fut l année de rencontre avec Jean francois....
Une emulation naissait et bien d autres choses encore.
En 1965, pendant les vacances au Lioran,
en aout, ce fut la visite de maman, la seule de ces 4 années,
1 journée, c est tout.........
Elle eut un entretien devant moi avec un educ qui lui dit
" oui, b.... travailles bien, sa conduite s est amendée,
le probleme c est que l on sait pas quand il plafonnera au point de vue scolaire,
quant a être pretre , à mon avis, cela est compromis,
peut être frere des ecoles chretiennes
où il apprendrait un métier et l enseignerait après ,
pourquoi pas?"
Je perdais deja mes illusions
et encore je voulais l admettre difficilement.....
La 4eme année scolaire me fit passé en cours supérieur,
mais les relations avec l instituteur Soldet,
s avereront difficiles,
le courant passait pas, à tel point que cette année là ou je devais recevoir
le prix d excelence, par ce que lui ai répondu,
il supprima ce titre,
pour ne garder que le prix d honneur,
qui m echut grace a mes bonnes notes, mais il m avait prevenu,
que c etait pour me punir, sans me deshonorer.....
les livres que je recus, cette année la fut un livre des animaux d afrique
et un livre sur la vie de Marie Curie, que je "devorai"..
Dailleurs ces livres sont restes la bas.....
je concus amertume de ce geste
et je lui en voulu beaucoup ,
mon orgueil en avait pris un coup.