Sa patisserie, aboutissement de quelque chose!
Ah,il faut les voir dans le laboratoire, les ouvriers qui triment, pétrissent, dessinent , finissent les gâteaux..
Les ouvriers, grand père y met un point d honneur , ils sont loges, nourris, payés, mieux que dans le voisinage....Il est respecté, et parce que la qualité est bonne, tout au beurre, a l' ancienne, il a 3 gros clients: l Eveche, le Mess des officiers, et la Sous Prefecture.
C est qu il s en laisse pas compter le grand père, même dans les sentiments il sait faire la part des choses...
Ainsi la veille de son mariage, le 26 mai 1919, devant notaire, il contractera contrat de mariage, apport de l epoux :15 393 F et epouse 8666 F.
Et apres ce seront d autres acquisitions : le 26 janvier 1920 acquisition d'une patisserie 54 rue de l hotel de ville à Verdun pour 55 000 F dont 25 000 dommages de guerre, les 30 000 payables en 2 ans..
le 21 juillet 1921,bail d un immeuble pour faire restaurant avec loyer annuel de 4200 F.
Le 6 mai 1922 héritage de l immeuble Briclot , par sa femme,avec dommage de guerre de pres de 97000 F.
Le 6 mai, 1922 acquisition d un vergers de 8 ares au Dieu du Trice,pour 350 F sans doute pour servir au restaurant et à la patiserie confiserie...
Et ,même 2 jours avant la naissance de sa fille, ma mère, le 21 fevrier 1923, acquisition d une maison ,cession dommage de guerre pour 52287 F ,achetée 12700 F ,à charge pour lui de refaire les reparations ordonnées, pour rehabilitation....
Et enfin en 1924 refection d un four a patisserie pour 8171 F en briques vernissées(2.30 prof:2.15 larg a 2 etages). Ainsi sa tête d alsacien a de la suite ds les idées...
La qualite va avec créativite, et les virines s exposent de créations de paniers, fontaines en sucre, massepain pour l' oeil et la tentation du client...Il a le verbe haut le grand père, les jurons , les injures ne lui font pas peur , non plus.
Le petit garcon se souvient de l' anecdocte que je vais conter :
après ces promenades régulières sur la Promenade des Anglais, nous ne voyons pas passer le temps, nous allions d une patisserie à une autre, d un cheval de bois, à un poney ou petit âne.
Il se faisait tard. Même mes petites jambes avaient du mal à me porter et grand père disait : :"allons Mana, avance un peu, il se fait tard" ! Mais tard pour un enfant, c est quoi quand on est avec son grand père! A cet age là, il faut se coucher tot (5ans) et 9 heures du soir, c est tard !
C est ainsi qu un soir nous rentrions plus tard que de coutume, l accueil fut des plus orageux pour grand père de la part de la Gabrielle. Laissant passer la volée de bois vert, il attendit la fin, puis il dit tout de go: " tu nous emmerdes! "
Moi , qui n avait pas plus que frère et soeur le droit de dire ces choses là, je me plantais au salon, pour répéter la chose : "grand pere il a dit ," tout nous emmerdes ", de ma voix fluette.
Toute la famille s esclaffa au grand dam de grand mère. Grand mere le prit tres mal " c est ca, donnez lui raison ", et avant qu elle ait fini sa phrase " vous avouerez quand meme" j ajoutai , phrase qu elle avait l habitude d énoncer, en mettant les poings sur mes petites hanches et tapant du pied droit sur plancher.
Une seconde trainée de rires fusa ! Ce qui laissa pantois ma grand mere, mais je devais le regretter plus tard car après, les promenades étaient suivies au doigt et à l oeil, et reglementées.
Le quartier de Nice, c est un quartier que l on appelle le quartier des Musiciens. pourquoi? ce sont des rues qui se croisent, s entrecroient , elles ont pour noms: Rossini, Mozart, Berlioz ,Paganini .....
La mienne ,c est rue Alphonse Karr, un polémiste et écrivain...Unpetit village dans la ville !
C' est une rue, où dès la porte de l immeuble franchie, en fer forgé,on se trouve à portée de tous les magasins:
à ma doite ,un magasin Bon Lait , en face, une boulangerie, près de là , un restaurant Alsacien ;
à ma gauche , la laverie; en face, un fourreur et vendeur de fourrures pour ces Dames;
à côté de la laverie, un bijoutier -joailler Betitini, d auguste facture, qui a même fait des reportages sur "le coeur vivant des pierres précieuses."...
à côté , une librairie de livres anciens,et a côté, le cinema L Escurial... où l on guettait , le soir, le bruits des pas des passants, sortant de celui ci, le soir...apres 23 heures.
Et puis si l 'on franchit la rue Paganini, une patisserie qui fait le coin...c est un boulanger, un caviste , une remaillage de bas, plus haut , c est aussi L Evéché, et, encore plus haut, un marche couvert.....
Et si on évite la rue Paganini, c est la rue Notre Dame qui jouxte l' église Notre Dame à laquelle, la grand mere paternelle est fort attachée, cette même rue mene a l Avenue de la Victoire, plus tard baptisée avenue Jean Medecin ,le père de Jacques , plus connu plus tard, pous ses frasques financieres, que les Nicois appellaient d' un préenom plus affectueux "jacquot" .
D' ailleurs ,loin de s offusquer ,que cette famille aient pu régner depuis 1925 sur la Mairie de Nice, les Nicois consideraient qu' au contraire, c est un facteur de stabilite....
Des defauts ?, qui n en a pas! Alors, tout bien consideré, c est pas plus mal disaient ils!
Mais revenons à la topographie: à l angle de la rue Notre Dame et de l Avenue, c est le Grand Café de Lyon, où grand mère aime à poser avec son "renard" et déguster sa langouste thermidor, pour ses Pâques, après avoir donné au curé, de Notre Dame,des dons en espèces pour "ses" pauvres....
Revenons à cet immeuble, du 23 rue alphonse karr, construit en 1905, sur des cressonnieres....avec ses grandes facades, ses ouvertures à petits carreaux, habités par une faune , que dis je , des Ancetres....
Oui des Ancêtres. Immeuble cossu, escalier de marbre, hall de marbre et tronant au milieu ,l ascenseur d acajou, avec son encorbellement de fer forgé..., ascenseur qui donne bien du souci, car il tombe souvent en panne.... et ses boites à lettres, d acajou...
4 etages et 3 appartements par paliers....nous habitons le 4em..avant les combles, les chambres de bonnes....comme son nom l indique destinée au personnel que les familles aisées peuvent avoir...quant les maitres de céans peuvent se permettrent d en avoir une...
Cet appartement c est un grand couloir,carres de gres noirs et blancs, un couloir comme on en fait plus... et puis 4 pieces, grandes, de plafond haut , moulurés de guirlandes de stuc, fruits et fleurs....des grappes de raisins,pommes, poires en platre courent sur le bord du plafond.....parquets cirés, a l anglaise....
Chambre de grand mere paternelle, celle a qui appartient l appartement, acquis en 1933, mais je vous raconterai cette dame , aussi tres pittoresque....
Le grand salon, la salle a manger...dans le grand salon un piano à queue noire, dans la salle a manger , un autre piano dit d etudes .....
Mes parents connaissent la musique, ils ont appris.... au fond la chambre des parents...un debarras..une salle de bain tout de cuivre, une baignoire immense aux pieds de lion et la cuisine....
C' est une education tres stricte qui a commence là.....politesse, rigueur, deconnexion du monde des adultes, de leurs discusions, même a table.....
Le paraître a son importance, il l emporte meme sur l "etre", il conditionne même notre vie de "petiots"...Paraitre! Mot magique! Pouvoir entendre de leurs oreilles, de tierces personnes, des felicitations....Mon père travaille dans l hotellerie, il a fait des etudes, Lui...2 bacs, HEC, Oxford, il parle et ecrit 5 langues avec syntaxes , svp !
Un homme grand, 1.80m, et tres cultivé, capable encore quand j avais 16 ans de lire, expliquer Saint AUGUSTIN, dans le texte en latin, à sa fille, ma soeur...
Fils unique, n ' ayant pas eu de privations dans sa vie de jeune....tous caprices passés, filles ou bonnes à son service...n ayant jamais connu la difficulte d un sou.....sa famille dont j ai retrouvé la trace à Saint Mandé, où l arriere grand père a été polémiste, pendant l affaire Dreyfuss, prenant son parti....Artisan à la fin de sa vie....Aujourd hui, il repose au Pere Lachaise avec belle famille. MOUSSERON.....
Les grands parents à mon père, le commerce aidant, le developpement de la france aidant, ils ont monté leurs affaires en région parisienne, s alliant avec d autres familles, de même conditions...
Pour son grand père paternel , né en 1855 , et apres une carrière dans le journalisme,c' est un commerce de fumisterie qui verra ses derniers jours et qu héritera son père en 1900.
Son père , né en 1879, lui , fera l école Diderot, d où il sortira , 2e avec un beau pecule, diplôme de chaudronnier en poche, qui s alliera avec un autre , puis vendra son affaire, fera dessinateur traceur dans les differentes entreprises , à partir de 1905, (Dion Bouton, Breguet, camions Berliet, et bien d autres pour finir contemaître, à la fin de sa vie....
C est un artiste doué d un coup de crayon , musicien aussi , assitant le plus souvent possible à tous les opéras...il sera même un temps marchand de couleurs, achètera un cinema, le "Modern-cinema" à Sartrouville,en banlieu parisienne,le 18 juin 1920..... le solde, qu il dut payer ce jour là, étant de mille francs....avant sa prise de possession.
Ce siecle naissant avant 1914, autorise toutes les audaces...