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21 mai 2006 7 21 /05 /mai /2006 14:52

                                                             Je me revois encore, à l entrée du Centre, avec mes cartons, assis sur un mur attendant l appel de mon nom,la distribution de mon hebergement,dans une tour. une chambre avec lavabo, lit ,table, chaise , le tout neuf.

                                                              Ce centre a une histoire peu commune: c est l initiative d une femme, une resistante, Mme Mutterer, qui s est occupé, apres la guerre, Rue de la Sinne, des blesses de guerre, des amputés, pour leur redonner le goût de vivre. Ensuite ce fut la construction en 1966/67, de ce nouveau centre,à la periphérie de Mulhouse, et l inauguration par le General de Gaulle, en 1968.

                                                              Il y a là, des gens comme moi, qui vont apprendre un metier, et d autres : acccidentés, du travail, de la route, motos, voitures, paraplégiques et meme tetraplegiques....pour certains , c est l aide à tous instants, des jeunes de 20 ans; et d autres plus agés. on apprend vite à relativiser ses soucis , ses peines.

                                                             On sent que cette femme a mis tout son amour, ses pensées, son idéal dans ce Centre.

                                                            Une piscine, une salle de sport, je dirai même handisports..une architecture futuriste pour l epoque.. une rotonde restaurant...des salles de formations lumineuses, des etages dotes d ascenseur, une cafetaria, où à la pause de 10 heures, tout le monde se retrouve.avec croissants, cafés, boissons diverses..Une salle de conferences,ronde,où se deroule chaque année la f^te des Anciens....

                                                             Il y a là diverses formations: employes de bureau,depanneurs de tv,comptables, aides comptables, dessinateurs etc, j en oublie sans doute et ils viennent de toute la France.......

                                                             Certains vont être payes,durant leur formation, c est mon cas, 110% du smig, d autres, comme christian, n ayant jamais travaillé et à peine agé de 18ans, ou devant avoir 18 ans en novembre, ne toucheront rien....

                                                            Christian le parisien ,je le prendrai en amitié, et avec d autres de Paris, on fera des virées dans Mulhouse pour faire connaisance de cette ville...cinemas, restaurants....je ferai connaissance avec Pierre Diem... blessé aux jambes, à la suite dun accident de travail, ayant voiture peugeot, avec toutes les commandes au volant..ayant eu l illumination de la religion pour tenir le coup...

                                                            de Pierre Randaxe, champion de france, 25 m papillon,je crois, maître nageur, à la piscine , qui m apprendra à nager, moi, le Nicois, un comble...d alain Boit... et avec qui je ferai connaisssance de ma future femme....de tous ces gens:professeurs,employes,femmes de menages, personnel de reclassement qui n ont qu un but: vous redonner une seconde chance, faire que votre sejour se passe le mieux du monde, car les obstacles vont être nombreux... à commencer par la langue, le dialecte..

                                                           Et puis on entre pas dans l intimite des Alsaciens comme cela.. ils sont mefiants, distants.. leur Histoire parle pour eux... envahis plusieurs fois, opprimes,deportes,humiliés, nous les gens de " l interieur" nous sommes des "walches"...

                                                          .J apprendrai leur histoire,et puis même si on croit à l unite de l alsace, celle ecrite dans les livres, je verrai bien qu il existe une sorte d antagonisme entre le Nord de l Alsace(celle de mon grand père) et le Sud de l alsace....les uns se considérant un peu superieur aux autres....même le dialecte selon les lieux est different, et un habitant du sud de l Alsace ne riera pas forcement aux jeux de mots d' un Strabourgeois, d un habitant d'Obernai, d un Savernois, d' un habitant de Wissembourg ou du kochesberg....

                                                            Les habitudes même sont differentes: les magasins sont fermes le dimanche même certaines patisseries, à plus forte raison les boulangeries , les bouchers.. un comble pour un Nicois,pour qui les commerces ferment le lundi...Je vais decouvrir que la Religion ou l appartenance à l eglise reformée, a formaté des industriels qui ont faconné une ville comme Mulhouse, une sorte de paternalisme bon enfant a laisse des traces...Comme aussi ,le 26 decembre, jour payé en alsace,celle de la saint Etienne et celui du Vendredi saint...Des cotisations supérieures d un point au regime de l intérieur ,mais des meilleurs remboursements de pharmacie...des associations diverses et variées où un fort benevolat perdure... 

                                                            La proximite de la Suisse, son histoire commune, son statut d avant la Revolution, les conditions et moyens de son rattachement feront d elle une sorte de Manchester francais au 19e siecle, des lois sociales en sortiront, tout ce caractere independant, en fera un peuple fier, et un peu hautain....

                                                           Ces industriels mulhousiens,ou de la peripherie,Koechlin,Sheurer Kkeustner,Mieg,laisseront des traces car ils defendont un homme illustre, Dreyfus,natif de Mulhouse, juif humilié, accusé à tort,. Ce drame va diviser la France..  et les familles.

                                                            La grande muette, l armée, ne sortira pas grandie de cela, ni la Justice, ou ce qu elle pretend être....et puis j apprendrai plus tard qu un de mes ancêtres aura pris la defense de celui-ci ,Dreyfus,aura connu le President du senat :Sheurer-keustner,enterré à Thann... 

                                                            Bizarre la vie et son raccourci au travers des generations..!.

                                                            Rien de nouveau sous le soleil, on dirait, l affaire Outreau, nous demontre plus d un siecle plus tard, que le corporatisme,le refus de se remettre en cause,que le carrierisme et la lachete font bon compte des vies brisées...Mais revenons, apres cette disgression, à ces 1ers jours alsaciensde 1973..

                                                          Une sorte d intuition,a fait que mes economies, de mon travail du côté de Briancon , va me servir...

                                                          Bien entendu,debarqué, à Mulhouse,avec des polos d été et des chemisettes, même en septembre,cela ne dure qu un temps et je devrai 3 semaines plus tard,arpenter la rue du Sauvage, la rue Henriette pour choisir un costume ,des puls,pantalons, chaussures,linge de corps,pour suppler au froid qui approche, un froid humide... un poste radio cassettes pour meubler mon espace son et troubler un peu ma solitude du soir...

                                                         Car pour ce qui est du salaire, la formalité prendra 2 mois et les 1350 mensuels,seront les bienvenus debut novembre 73..donc,j ouvrirai même un compte sur une banque Alsacienne,la Sogenal,rue Fénelon. et puis,je ne suis pas egoîste,alors mes "ecus" servent aussi à depanner christian, qui lui, ne touchera rien ou tres peu....

                                                        Mon premier hiver,je le decouvrirai dans la Vallée de Masevaux,dont je tomberai amoureux. plus tard.....En effet, un congres international,en decembre 73, fait que mme Mutterer a demandé aux occupants de la Tour, d aller dormir ailleurs, à Rimbach, dans une sorte de colos,pour quelques nuits... Ce sera une route blanche,congeres sur cotés et travaux de voieries qui accompagnera notre deplacement... en bus et retour le matin...pour les cours.

                                                       Une vallée du bout du monde, avec des routes defoncées, des facades tristes,mais sauvage,agreste, avec ses monts encapuchonnés de neige, ses sapins fiers et blancs...et puis alain Boit..., frequentant sa dulcinée,loue des skis,cet hiver là,dans la rue principale de Masevaux...

                                                       En fevrier 74, on louera même des habits pour Carnaval à Mulhouse, et habillés en cosaques,pantalons rouge,tunique rouge et toque noire, on ira danser dans une salle au sol glissant,du coté de Wegsheid ..un village pres de Masevaux.                                                  

                                                        Les cours,en dehors des matieres habituelles,maths et francais, ce sera l apprentissage de la comptabilite, de la dactylo mecanographique, l ancetre de nos machines d aujourd hui..la correspondance, le classement,le sport même.

                                                      Les profs :Muller,Piot,Bastide,Martinez,chacun dans leurs matieres sont exigeants....des affinites selon les choses, nos passés, nos désirs,se font ,défont....les cours ont lieu du lundi au vendredi,le samedi et dimanche etant  libres,. la 1ere année est plutot roue libre selon chacun , car l on sait qu une periode d adaptation  est necessaire, et que des matières vues en 1ere année, reviendront en 2e, plus perfectionnées....

                                                       Pour moi, la piscine,la 1ere année,sera ma compagne,apres les cours a 17h,me donnera de l appetit,le soir. Noel 73,sera un noêl triste et solitaire, dans une chambre, mes camarades et christian ayant rejoint leurs familles.... 

                                                      Viendra le printemps 1974 et les conges de printemps... où pour combattre cette solitude de Noel 73,que je ne veux pas revivre, je decide d aller à Paris,pour decouvrir la capitale. J en previens Mr Barbier et sa femme,qui sont enchantes de me reserver l hotel et de s occuper des formalites d hébergemen,pas loin de chez eux.

                                                       J ai pris mon billet ou petit carton de retour et c est alain Boit... qui m amenera à l aller,en me laissant rue de Dunkerque, face au sacre coeur....L immeuble est ancien,sans ascenseur, la cage d escalier noire, le logement de mme et mr Barbier,sous les toits,avec vues sur les...toits, cela s invente pas..wc à l etage..C est ce qui expliquait le sejour de mr Barbier, une fois l'an à Briancon,payée par la securité sociale, car cul- jatte, dans sa petite chaise le temps est long...., faute de pouvoir sortir, toute l année ,de ce logement..Je fus accueilli, comme un prince....

                                                        Il m avait reservé à l hotel le Regent, face au Sacré Coeur,etabli un programme pour 7 jours: Notre Dame, les Invalides,Arc de triomphe,Louvre,Vincennes,Montmartre, et chaque fois avec le tracé,la ligne appropriée pour le metro.......

                                                          Je fis tout le programme et même plus: bateau sur la Seine,où une guide nous montra la maison sur les quais de "mister President pompidou,fatigué"...(.8 jours apres mon retour à mulhouse on apprendra son deces, le soir , pendant la projection d'un film....)

                                                         Je voulus aller au Moulin Rouge mais sans cravate, le chasseur m y interdit l entrée.....alors la dépense s orienta différemment, en souvenirs,en restaurant divers...je me fis faire même un portrait au fusain, place du Tertre, que j ai encore accroché au salon....visage romantique s il en est.....j ai dû mal à me reconnaitre aujourd'hui et je me dis que" j etais pas mal et même Bayou, dit "oui,tu etais comme cela quand je t ai rencontré..!  Que le temps passe et laisse des traces...! une foison de photos ,de ceremonies, de prises d armes dans la cour des Invalides,illustrent,rangées dans un album souvenir,cette periode.

                                                      Le soir, je mangeai chez mme et mr Barbier, cela se  fit au moins 3 ou 4 fois en 7 jours,le dernier jour, un dimanche , avant mon depart ce fut jeu de cartes avec eux; bien entendu, le matin , où je voulus payer mon sejour, on m apprit que tout avait été reglé par mes hôtes.... je protestai chez eux , mais leur argument était que "lorsque j etais à Briancon,je n avais pas compté ma peine et mon temps pour m occuper de lui....."ainsi je decouvrai qu il y avait des gens qui avaient un sens de la fidelité et de la gratitude,choses peu communes dans notre société,je l apprendrai au fil des années sur cette terre d'Alsace....

                                                      Malheureusement ,les circontsances de la vie firent que je devais plus les revoir, même si ,apres m être marié,aux Noels, je recevai, des disques d opéras de leurs part.. Un jour j appris le deces du Monsieur par sa femme, et ensuite, beaucoup plus tard,celui de la Dame ,quand je me deplacai ,et devant le silence de la Dame, à mon courrier, sa disparition , par la concierge de l immeuble du 59 rue de Dunkerque.....

                                                      L ete 1974, allait être celui de la rencontre,lors d'une kilbe (fete de village) à Lauw,de ma future femme ,car alain Boit..frequentai une fille de la vallée de Masevaux ,qui avait elle même une soeur ,qui avait une copine avec qui elle s entendait bien.. et sortirent ce soir là ensemble..

                                                      Ce fut le coup de foudre,je la revois avec ses cheveux longs et blonds descendants jusqu aux reins, habits tailles impeccables, et faits par elle même.....une correspondance s instaura, sur papier bleu,enjolivé,nos sentiments s epenchèrent , plus moi qu elle au debut....

                                                       La maman qui recevait le courrier,le matin , s intrigua ,demanda des explications à sa fille,et une rencontre, un soir se fit,apres une seance de cinéma,sur Mulhouse....l attitude de la Maman fut un peu teinté de mefiance, car non alsacien,ne parlant pas le dialecte,cela posait un complexe pour elle.....

                                                        Je fis connaissance avec une de ses soeurs, qui habitait pres du centre,et ainsi une relation regulière s engagea, puisque l ami alain Boit.... m 'emmena souvent dans la vallée de Masevaux.. 

                                                         Le mois d Août 74 arriva et les vacances aussi,et je decidai de descendre à Nice,pour y chercher des nouvelles de mon père,car "Bayou",monitrice de colo, à Houppach, pendant ses  conges, ne pouvait venir,une separation d un mois s imposa..

                                                         Ce qui va suivre, fut assez difficile à vivre,au debut.....

                                                         Ainsi, un matin d aout 74,je descends du train de Mulhouse,en gare de Nice.je prends la direction du foyer,à qui j ai annonce ma venue. On me donne, une chambre neuve dans le nouveau batiment, j y pose mes affaires,et quelques souvenirs de mon sejour à Paris du printemps dernier, car j ai dû debarrasser, ma chambre du Centre avant mon depart de Mulhouse.Je rencontre Bruno, qui est content de me revoir, il me demande,si j ai l intention d aller voir mon père, je lui dis que tel est mon desir, le lendemain ,mais pour l instant je vais me reposer,et reprendre mes repères.Je passe une nuit assez bonne.

                                                        Je retrouve facilement ,le lendemain,les rues et les facades qui menent au 23 rue Alphonse Karr. je rentre,dans le hall,prends l ascenseur d acajou,qui s arrête,enface de l appartement,et je sonne; point de reponse, j insiste,point de reponse. Je redescends. L idée me vient de demander à la laverie,des renseignements. La dame me reconnaît. " mais,mon petit,votre père n est plus là, l appartement a ete vendu....." tout se bouscule dans ma tête; je bafouille " ça alors ! et mon pere,où est il? travaille t il toujours au westend?" la dame n en sait rien; je me rends à l hotel en question pour y apprendre qu il n y travaille plus.....

                                                         je remonte,completement effrondre, au foyer,ne sachant que faire....Bruno me conseille de regarder dans l annuaire,mes homonymes. ce que je fais; les noms apparaissants dans l annuaires correspondent à ceux de l est de Nice,quartiers dont je ne crois pas,que mon père y est elu domicile...mais enfin, sans grande conviction, je m y rends, en debut d apres midi et apres avoir tiré sonnette, à 3 homonymes,sans resultat, me voici aupres de 2 tours immenses, dont l une indique un homonyme, le dernier de ma liste......

                                                           Je sonne, jentends des chiens aboyer,je me dis " c est pas ça,je m apprête à repartir, la porte s' ouvre......."oh mon dieu,c est mon pere, pas rasé, pieds nus,avec derriere lui, un gros chien touffu, blanc"... "ha, c est toi, rentre". J hesite un peu. Je penetre dans un appartement, qui donne sur la voie de chemin de fer, on y entend le trafic de la gare du nord....il m offre un fauteuil de cuir,je ne retrouve pas les meubles de la rue alphonse Karr....un silence, s'installe suivi peu après  d'un " j ai du vendre l appartement, Vevette (Henriette,ma mère) m a repris, elle travaille , ce sont ces chiens, j ai ma chambre au fond du couloir à coté, ta mère  a la sienne ici,à  coté , et il y a une autre chambre pour Monique.. si tu veux ,tu peux l attendre, elle rentre apres 19h".

                                                          J essaie d en savoir plus, mais il a l air embarrassé,comme un enfant pris en faute....je lui indique que je suis en conge apres une année de formation sur Mulhouse.....que je loge au foyer depuis hier soir.....que je l ai cherche ,pendant quelques heures,apres avoir appris qu il ne travaillait plus et n habitait plus rue Alphonse Karr.... silence... Il me presente les chiens "chouchou, c est un bobtail ou chien des pyrennes, et elle, c est Bijou un griffon italien" et puis tu vas avoir une surprise.....Vevette conduit.....les chiens vont reconnaître le moteur,quand elle va arriver, en bas de l immeuble..." " Tu sais j ai pas vendu l appartement  23 millions , seul, c est Vevette qui avait les papiers, que tu avais cherche l année derniere, à ma demande. Je l ai vendu à un percepteur, je lui avais promis, et tu sais une parole, cela se tient , j y ai meme laissé les meubles comme le buffet Henri II , le bureau Empire,toutes choses difficile à demenager...." Ta grand mère avait le Fonds National de Solidarité,, et les frais d hopital, les charges de cet appartement, je me sentais pas d assumer, trop de soucis.."  Beaucoup de choses en même temps.  Apres quelques 1 heure et demi ,passée assez vite, en effet les chiens se bousculent,sur le balcon, je m y penche pour apercevoir,une voiture rouge dont je ne connais pas le modèle; j apprendrai plus tard que c est une Fiat 127.

                                                        

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